La nativité et l’arbre de Noël par Oscar Cullmann (1993)
Dans cet ouvrage, l’auteur montre le lien étroit existant sur le plan historique entre la date de Noël et la fête de l’Epiphanie.
La nativité et l’arbre de Noël, Les origines historiques Oscar Cullman Les Editions du cerf, Paris, 1993 Né en 1902 à Strasbourg, membre de l’Institut, Oscar Cullman est l’un des meilleurs protagonistes de l’œcuménisme. Il a publié aux Editions du Cerf L’Unité par la diversité (1986) et Les voies de l’Unité chrétienne (1992) « Les débuts de la fête de Noël m’occupent depuis de longues années. Ayant constaté que c e problème historique n’était pas toujours familier – même aux gens cultivés – je l’avais traité pour la première fois en 1947. »
Dans la deuxième partie cette édition, Cullmann s’attarde sur les parentés théologique entre les coutumes de Noël et l’histoire de l’arbre de Noël. Dans la première partie, il revient sur l’aspect historique. Avec cette remarque : « Ce que nous apporterons sera un aperçu historique. Dans ces conditions, si la question de la nature de la fête surgit dans l’alternative : « païenne ou chrétienne », c’est dans le cadre historique et à la lumière des résultats fournis par la science historique qu’elle sera traitée. La question de savoir s’il est justifié de célébrer Noël au sein de l’Eglise est un problème théologique. » (page 16)
« La question de savoir s’il est justifié de célébrer Noël au sein de l’Eglise est un problème théologique. »
Il est surprenant de constater combien est profonde l’ignorance de questions élémentaires se rapportant à l’histoire de l’Eglise et des dogmes.
Les auteurs des évangiles ne mentionnent pas le jour de la naissance du Christ,
et nous ne disposons d’aucune autre source.
Notre fête de Noël,
célébrée le 25 décembre,
a été ignorée des chrétiens des trois premiers siècles.
«Il est vraiment surprenant de constater combien est profonde aujourd’hui, même parmi ceux qui attachent du prix à la culture générale, l’ignorance de questions élémentaires se rapportant à l’histoire de l’Eglise et des dogmes. (page 16) et il fait cette constation :
« Notre fête de Noël, célébrée le 25 décembre, a été ignorée des chrétiens des trois premiers siècles. » (page 21). « Les auteurs des évangiles ne mentionnent pas le jour de la naissance du Christ, et nous ne disposons d’aucune autre source. [..] En Palestine, les bergers sont dans les champs de mars-avril à novembre. D’après cela, on pourrait envisager le printemps, l’été et l’automne. » (page 25) ; et donc pas l’hiver.
Ce n’est pas une date,
mais uniquement une pensée théologique
qui a donné l’impulsion première.
Les disciples de Basilide, gnostique qui vécut à Alexandrie au second siècle, fêtaient le 6 janvier, le baptême du Christ. C’est la première origine perceptible de la fête de Noël.
La Nativité et l'Adoration des Mages MI 523 GIOVANNI DI FRANCESCO
Florence, vers 1459 Denon 1er étage Salon Carré salle 3l
« La conscience de l’ignorance dans laquelle on est de ce jour exact montre que ce n’est pas une date, mais uniquement une pensée théologique qui a donné l’impulsion première dans la célébration de la manifestation du Christ sur la terre. » ( p 34). Ce furent surtout les chrétiens d’Orient qui méditèrent sur le mystère de la manifestation de Dieu dans le monde sous la forme d’une personne humaine. Par Clément d’Alexandrie, nous savons que les disciples de Basilide, gnostique qui vécut à Alexandrie au second siècle, fêtaient le 6 janvier, le baptême du Christ. C’est la première origine perceptible de la fête de Noël.
Ils représentaient cette opinion hérétique suivant laquelle le Christ divin n’aurait été manifesté sur terre que lors du baptême de Jésus. C’est du nom de cette manifestation, en grec « epiphaneia », que cette fête du baptême de Jésus a été appelée, elle-même, l’Epiphanie. (p. 34)
Pourquoi le 6 janvier ?
Le 6 janvier, les païens célébraient une fête en l’honneur de Dionysos.
Pourquoi le 6 janvier ? Les évangiles ne mentionnent aussi peu la date du baptême de Jésus que celle de sa naissance. Le 6 janvier, les païens célébraient une fête en l’honneur de Dionysos, fête en rapport avec l’allongement des jours ; à cette date on fêtait à Alexandrie la naissance d’Eon, né de la vierge Coré, et ce jour était également consacré à Osiris. Durant cette nuit, les eaux du Nil recevaient, disait-on, un pouvoir miraculeux. Ainsi s’explique le fait que les disciples de Basilide aient choisi cette date pour fêter le baptême du Christ, afin de proclamer en face des païens que l’être divin véritable manifesté sur terre est le Christ. (page 34)
On constate que dans la première moitié du IVème siècle l’Eglise, désormais, fêtait l’Epiphanie le 6 janvier, et que dans cette fête elle réunissait le baptême et la naissance du Christ. (p. 35). L’élément primordial était la pensée qui présidait à la fête de cette ‘ manifestation ’, et non la date ; c’est ainsi qu’on a pu aisément modifier, au cours du IVè siècle, la date de la fête de la naissance du Christ. (p. 41). Le choix d’une date, située aux environs du 6 janvier, s’imposa, où dans un monde païen la lumière et le soleil était fêtés d’une façon particulièrement marquante : le 25 décembre. (p. 49)