Lilith et les mythes de la création
Le thème de Lilith est absent de la Bible canonique. Considérée comme la première femme d’Adam, son origine remonte au panthéon de la mythologie suméro-babylonienne. Le livre de la Genèse propose deux récits de la création de la femme. Dans le premier, l'homme et la femme sont créés (sans être nommés) : « Dieu créa l’homme [l’humain] à son image ; il le créa à l’image de Dieu, il les créa mâle et femelle » (Genèse 1 :27). Dans le second, où elle trouve son nom d'Eve, la femme est conçue à partir d’une côte prise sur le corps d’Adam. (Genèse 2 :21).
La Vierge assise, couronnée par l'Enfant et foulant aux pieds une sirène R.F 580 Île-de-France
second quart du XIVe siècle Marbre
H. : 0,38 m. ; L. : 0,16 m. ; Pr. : 0,06 m. Richelieu Rez-de-chaussée Blanchelande salle 6 vitrine 1
La sirène évoque le Tentateur ou peut représenter Lilith, première épouse mythique d'Adam. ww.louvre.fr détail
Très tôt, les rabbins ont tenté de résoudre la contradiction entre ces deux passages. Reprenant certaines légendes sémites, la tradition juive a vu la preuve de l’existence d’une « autre première femme ». Elle n’est pas nommée. Elle devient Lilith dans le Zohar.
Dans différentes versions de la Bible (Bible TOB, Bible de Jérusalem, Bible Darby et celle d'André Chouraqui) le terme se trouve pour désigner un « être nocturne » dans le texte d’Isaïe 34:14. Le mot hébreu a été traduit diversement par “ orfraie ” (Od), “ spectre de la nuit ” (Sg), “ engoulevent ” (MN) et “ sirène ” (Fi ; Sa), tandis que d’autres versions préfèrent simplement le transcrire “ Lilith ”.
Le symbolisme de Lilith s’est introduit dans les églises de la chrétienté, et à Paris on peut le voir à l’entrée est de la cathédrale Notre-Dame de Paris
De nombreux biblistes cherchent à démontrer que le terme hébreu est un mot emprunté au sumérien et à l’akkadien anciens, et qu’il dérive du nom donné dans la mythologie à un démon femelle de l’air (Lilitou).
« Les animaux du désert y rencontreront les chiens sauvages, Et les boucs s'y appelleront les uns les autres; Là le spectre de la nuit aura sa demeure, Et trouvera son lieu de repos. » Esaie 34 :10 (Louis Segond-1910).
Ce mot hébreu (lilith) dérive d’une racine qui désigne “ toute sorte de torsion ou d’objet tordu ”, tout comme le mot hébreu layil (ou laylah), qui signifie “ nuit ”, évoque quelque chose qui “ s’enroule autour de ou enveloppe la terre ”. Cette étymologie de lilith désignerait l’engoulevent parce qu’il est un oiseau actif de nuit et aussi qu’il se distingue par son vol impétueux, sinueux et tournoyant quand il chasse les papillons de nuit, les coléoptères ou autres insectes volant la nuit.
Le mythe de Lilith
remonte au panthéon de
la mythologie suméro-babylonienne
Son origine remonte au panthéon de la mythologie suméro-babylonienne, qui mentionne la démone Lamashtu.
Elle se rapproche surtout de Lilitû, commère du démon mâle Lilû dans la tradition sumérienne.
Quels que soient les exégètes, Lilith est toujours décrite ou perçue comme une maîtresse femme qui a un fort ascendant sur Adam et un appétit sexuel insatiable. « La fille de Satan, la grande femme de l’ombre, cette Lilith qu’on nomme Isis au bout du Nil », écrivait Victor Hugo.
Mireille Dottin-Orsini. « Lilith » in Pierre Brunel dir., Dictionnaire des mythes féminins. Éditions du Rocher, Paris, 2002.), p. 1152. Carol Prunher, Sabrina Mervin, Femmes, Les grands mythes féminins à travers le monde, Hermé, 1990, p 16 Etude perspicace des Ecritures, Engoulevent, tome 1, p 764